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Madamisation, bonhomisation, mouettisation, dindification, etc.

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Lectures (et visionnement) obligatoires :

Madamisation : http://www.ledevoir.com/societe/medias/319211/medias-la-madamisation

Bonhomisation : http://www.voir.ca/blogs/cyberboom/archive/2011/03/22/la-bonhomisation.aspx

Mouettisation : http://blogue.martinpetit.com/2011/03/22/bonhomisation-et-madamisation-et-quoi-encore/

Dindification : http://www.youtube.com/watch?v=a3R1fCyrmvc

C’est quand même drôle cet effet de domino à la suite de l’article de Stéphane Baillargeon. Et dans cette suite de néologisme, il n’y a que la dindification qui n’a pas de lien direct, et pourtant, il y a des liens à faire, surtout avec la bonhomisation. Pour ce qui est de la mouettisation de Martin Petit, c’est bien la preuve que l’humour n’est pas seulement un déclic pour le rire gras.

Quand la madamisation fait surfer sur la surface de la société et que la bonhomisation ne fait faire que de la nage, avec à peine la possibilité de plonger en apnée pas bien bien longtemps, la dindification cacherait tout le matériel pour faire de la plongée sous-marine. Si vous n’avez pas lu les textes plus haut et la vidéo, même si c’était indiqué « obligatoire » — bande de rebelles! — c’est certain que c’est pour vous du charabia… Bon, je vais faire oeuvre de synthèse.

La madamisation serait un mouvement médiatique qui mettrait de l’avant et à profusion les contenus légers, domestiques, ce qu’on retrouvait précédemment seulement dans les magazines comme Madame au foyer. La bonhomisation serait le phénomène de réduire les débats de société à un niveau simpliste, ce qu’on appelle communément « le gros bon sens ». La dindification serait la propension de la très grande majorité (pour ne pas dire : tout le monde sauf Pierre Fraser) à adopter une pensée toute faite, donc à laisser tomber son esprit critique.

Mais il faut bien se comprendre, tous ces concepts pointent des fantômes. Dans le sens que seulement ceux qui vont se sentir interpellés par ces concepts auront la capacité de les voir. Il faut bien être intellectuel un minimum pour y être intéressé. (Et pour ce qui est de l’anti-intellectualisme ambiant, même parmi ceux qui pourtant pensent ouvertement, c’est là où se trouve la zone d’ombre dans toute cette histoire.) On enlève ainsi la moitié de la population qui est analphabète ou quasi, puis ceux qui n’ont rien à cirer de sujets aussi pointus. Il ne reste pas grand monde. Mais on peut bien s’amuser comme on peut entre amis et ennemis…

Je sais que c’est presque élitiste comme discours, mais ça revient toujours à l’idée de prêcher ou non pour des convaincus. On peut bien parler de ceux qui sont ailleurs, il restera toujours que ceux qui entendent ne se déclareront jamais vaincus. Les nombreuses réactions sont assez représentatives de ça. Stéphane Baillargeon aura beau me dire que je participe à la madamisation en consommant beaucoup d’émissions de cuisine, ça ne m’enlève pas mon cerveau pour autant, pendant et après. Simon Jodoin aura beau me dire que mes impressions ne valent absolument rien, je vais continuer de les prendre pour ce qu’elles sont, à toujours les remettre en perspectives, à mesure que les occasions se présenteront. Pierre Fraser aura beau essayer de me faire croire que je suis une dinde comme une autre, je vais continuer de penser qu’il n’en est pas moins une, lui aussi, peut-être même la dinde en chef!

Dans le fond, ce que je pense, c’est qu’à trop vouloir généraliser on se perd en chemin. L’explosion de la communication, ce qu’on vit en ce moment, fait en sorte de multiplier les offres et les points de vue, tout simplement. Il y en a pour les « madames », les « bonhommes », les femmes, les hommes, les filles et les garçons, sans oublier les bébés et les « gens du bel âge »… Le malheur, c’est que ça ne rend personne grandement plus intelligent, et ça serait très surprenant que cela abêtisse, n’en déplaise à certains. Pour être optimiste, peut-être que cela en encourage quelques-uns à lire un peu plus, ou même à s’y mettre finalement, à aller plus loin que le dos des boîtes de céréales. Quelqu’un viendra consolider ou non mes impressions. Et je vis très bien avec ça.

Et pour ce qui est de Pierre Fraser, car son « dindification » est bien le néologisme le plus dangereux du lot, je ne vois sa démarche que comme celle d’un homme qui tente par tous les moyens de se conforter dans ses opinions et d’essayer de les enrober dans un contenant intellectuellement vendeur. Mais bon, si on suit vraiment sa logique de ne pas suivre quoi que ce soit du « prêt-à-penser », on considère alors son livre dans le lot. Soit on ne le lit pas, soit on le lit, mais avec des pincettes… J’ai choisi la première option, étant donné que j’ai assez lu au sujet de la dindification gratuitement sur le web.

Encore, il faut ne pas oublier que ce dernier est le seul à se prendre vraiment au sérieux. Moi je prends plus au sérieux l’humoriste.

Entre madamisation, bonhomisation, mouettisation et dindification, il y a des mots qui nous tiennent toujours trop à distance de l’humain. Ce billet en est bien la preuve, comme vaine tentative de trouver quelque chose que l’on pourrait nommer « vérité ». Je vous laisse donc avec le mot « humilité ».

À vous de faire le reste du chemin.

 

(Photo : lyot)


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